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Critique par le Quotidien du cinéma

Ce long métrage prend forme quelques années auparavant, alors que la comédienne Deirdre O’Kane (qui joue Christina dans le film) organise des événementiels pour la Fondation Christina Noble. Les deux femmes deviennent amies ; l’idée de faire un film commence à germer. Quelques mois plus tard, l'actrice mariée au réalisateur, Stephen Bradley, se lance dans le projet.
 
A la fois biopic réaliste et fresque romanesque, Christina Noble, s’intéresse, entre joie et désespérance, à un parcours de courage hors du commun et à la naissance d’une vocation humanitaire. 
 
Au cœur de ce film, il y a d’abord un beau portait de femme. L’irlandaise Christina Noble, marquée par un destin tragique, deviendra, comme l’ont appelé eux-mêmes les enfants des rues, « Mama Tina ». Cette femme de caractère est effectivement à l’origine de la Fondation éponyme, une organisation humanitaire qui apporte aide et secours aux enfants démunis au Vietnam et en Mongolie. La Fondation existe depuis 1991 et possède une succursale en France depuis 1992. Grâce à son parcours et son investissement hors du commun, Christina Noble fut nominée en 2003 par le Time parmi les «36 héros qui ont inspiré le monde». En 2000, elle est également élue «People of the Year» en Irlande.
 
Le film fait découvrir la pauvreté des enfants des rues du Vietnam. Les petits acteurs ont été ou sont encore aidés par la Fondation, ce qui vient renforcer l’aspect réaliste et documentaire de la réalisation. Christina Noble explique la naissance de la Fondation et montre comment, en trois mois, sa fondatrice a relevé le défi de construire un orphelinat. Elle parvient à s’insérer dans le pays en comprenant ses réalités et obtient un permis de travail qui lui permet de se mettre en recherche de mécènes. Elle comprend vite que malgré les différences culturelles, « le caniveau vietnamien est le même que le caniveau irlandais » qu’elle a connu toute petite.
 
Le choix de la charismatique Deirdre O’kane, qui a observé la vraie Christina dans son travail avant de l’interpréter, donne de l’éclat à ce film qui, dès le départ, est annoncé non pas, selon la formule consacrée, comme inspiré de faits réels, mais comme «une histoire vraie», parfaitement exacte. Cette précision n’est pas inutile tant le parcours incroyable de cette femme est marqué au fer rouge par les drames et la souffrance, lui donnant ainsi des allures de drame romanesque. 
 
Ce n’est donc pas un hasard si Stephen Bradley choisit la forme narrative du récit romanesque. Ce genre cinématographique sert ici au mieux la retranscription de l’existence peu commune de cette humaniste au cinéma. Parmi les éléments de mise en scène notamment, la bande originale soignée de Giles Martin insuffle au film cette part romanesque et émotionnelle. Le récit certes veut toucher mais, subtilement, ne s’appesantit jamais. Bien unifié dans sa construction, le film présente un montage rapide et efficace au sein duquel s’enchaînent des séquences souvent brèves dotées de dialogues percutants. Sans jamais tomber dans un pathos larmoyant, la réalisation, dense et riche, réussit à dégager une joie et une énergie communicatives qui représentent bien toute la force du personnage lui-même. Christina Noble, par son montage et sa mise en scène, donne le sentiment d’être un film qui dévore le temps. Le film semble tout entier programmé, presque mécaniquement, pour atteindre son point central, le rêve fondateur de l’héroïne et la naissance de sa vocation. Allongée sur son lit, désespérée, Christina ferme les yeux, emportée par un songe : la caméra zoome lentement sur son front, évoquant explicitement l’œuvre d’un appel divin. Pour en arriver à cet instant précis, le film est construit sur un schéma scénaristique classique d’allers-retours entre le présent et le passé dramatique de Christina ; il donne à comprendre progressivement, de manière habile, le sens du voyage de Christina au Vietnam. Pourquoi est-elle dans ce pays ? Qu’est-ce qui l’a amené ici ? Que cherche t-elle ? Nous voyons ainsi se mettre en place, de manière explicative et rationnelle, les tenants et aboutissants de sa vocation. 
 
Car - ne le cachons pas - le sens ultime de ce film est bien d’évoquer une vocation humanitaire que l’on pourrait qualifier de « chrétienne », le film, produit par SAJE, s’inscrivant clairement dans la veine d’un marché chrétien du cinéma. En relation d’amitié avec Dieu, Christina lui parle régulièrement. Elle survit grâce à sa foi. La jeune fille a compris que celle-ci ne consiste pas en une morale ou un devoir être, mais en un chemin d’amitié avec Dieu. « Pourquoi Tu pleures ? » lui lance t-elle, alors qu’elle est SDF, seule dans la nuit, « c’est moi qui devrait pleurer ». 
 
Pourtant ce n’est pas tant cet aspect « évangélisateur » qui retient ici l’attention mais plus la description universelle d’une figure spirituelle (au sens large du terme) qui a su faire de sa vie si gravement blessée une source de joie, en lui donnant du sens. Son histoire édifiante montre en effet combien il peut y avoir en l’être humain, pourtant fragile, cette capacité surprenante à endurer des souffrances à priori insurmontables. En cela, chaque spectateur, quelque soit ses convictions, peut s’identifier à son parcours. Depuis la petite fille qui chante devant les clients des tavernes jusqu’à la première pierre de la Fondation, Christina Noble dégage une énergie communicative, fait preuve d’une intelligence émotionnelle et offre un bel exemple de résistance à l’épreuve. Habitée par une force intérieure que l’on peut retrouver dans toutes traditions spirituelles, dotée aussi d’une nature exceptionnelle, elle montre que, bien souvent, ce sont chez les gens les plus éprouvés que l’on trouve la plus grande joie et la plus grande force. Des images documentaires qui illustrent la fin du film, on retient le sourire courageux, presque blessé, de Christina entourée de tous les enfants de la Fondation. Un sourire qui résume à lui seul toute son existence : forgé âprement dans les épreuves mais aujourd’hui rayonnant. 
 
Merci au webzine www.sacrecinema.com.

Auteur : Pierre Vaccaro
Publié le 18/05/2015 sur Le Quotidien du cinéma

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Ecrit par pretty31 
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